Entre ombre et lumière, Candice s’amuse, s’émeut, s’émerveille… Chaque instant, elle le capture instantanément pour des souvenirs à jamais gravés. La complicité d’une famille unie, la candeur d’un enfant, le sourire instantané d’un nouveau-né, Candice s’imprègne de chaque histoire si singulière. Rencontre.
Quel jour & heure est-il ? Que fais-tu habituellement à ce moment de la semaine ?
Nous sommes lundi, il est 12 h 31. Je commence toujours mes lundis en mode slow, après un week-end de prise de vue, à me déplacer aux quatre coins de Paris pour rencontrer des familles. Promenade dans la nature le matin, rêveries, lecture, méditation, écriture… je suis mes envies. J’assume et apprécie de plus en plus ces moments-là.
Ton envie du moment ?
L’année se termine, j’ai reçu beaucoup d’inspirations et de nouvelles idées. J’ai pris le temps de ne rien faire et les choses sont arrivées dans ma tête parce que j’ai laissé de l’espace pour. Mon envie du moment c’est de les concrétiser pour l’année qui arrive. Le cœur de tous ces projets c’est mon envie de partager, de donner la parole, d’échanger. Cela fait des années que je travaille seule, j’ai besoin à présent de travailler en collectif.
Ta madeleine de Proust ?
L’odeur du lilas qui me replonge dans mon jardin d’enfance. L’odeur de vanille qui me rappelle la senteur de ma poupée corolle. Les bonbons, toutes sortes de bonbons, ceux des anniversaires et ceux aussi qu’on allait chercher avec mon frère dès qu’on avait 30 centimes en poche.
Le Château de ma Mère, un souvenir très fort et marquant de mon enfance, que j’ai regardé la veille de quitter ma maison d’enfance avec ma mère, on pleurait toutes les deux comme des madeleines, c’est le cas de le dire… Quand je le revois aujourd’hui, je me replonge direct dans les émotions de ces instants.
Ton premier coup de cœur esthétique ?
Je pense que ce sont les dessins de Sempé, l’humour, la poésie, la légèreté et puis Paris en fond. J’avais un énorme poster de son dessin dans ma chambre, avec des petites danseuses dans une salle de New-York. Ensuite les images du photographe Henri Cartier-Bresson, c’est avec lui que ma passion pour la photographie a commencé.
Qu’est-ce qui t’a influencée et a façonné ton goût pour la photographie ?
Toute la photographie humaniste, Doisneau, Willy Ronis, Edouard Boubat... Cet élan de vie, cette poésie d’un autre temps. L’amour des gens. J’ai ensuite découvert la photographie contemporaine et mes goûts ont évolué. Au départ je voulais croquer les gens comme Sempé, mais en photo.
Comment joues-tu avec la lumière naturelle ?
J’évolue vis à vis de l’utilisation de celle-ci au fil des années. Au départ j’aimais les choses très claires, très lumineuses et petit à petit j’ai aimé les ombres, le mystère, l’intimité que cela procure et les émotions plus subtiles. Je joue à présent avec les ombres et les lumières autant en image que dans ma vie personnelle. J’ai appris à aimer les ombres au sens propre comme au figuré.
Un style qui te suit depuis toujours ?
Less is more. Les photos épurées, simples qui vont droit au but.
Pourquoi l’univers de la famille ?
Pour être au contact des gens, partager des émotions et des moments authentiques. C’est ça qui m’a plu dès le départ dans ce domaine, contrairement à d’autres pour lesquels je n’ai pas accroché. Et si on part un peu plus loin dans l’analyse, je répare aussi des choses de ma lignée en faisant ces images d’enfants, je rends immortels les enfants que je photographie, en réponse à ceux qui n’ont pas pu vivre au sein de ma famille, ça je l’ai compris plus tard. J’aime que les enfants soient affichés sur les murs, soient vus. J’aime leur donner la parole aussi… et ça c’est aussi le cœur d’un prochain projet. On ne fait jamais un métier par hasard.
Qu’est-ce qui nourrit tes humeurs créatives ?
Les rencontres, les partages, l’écriture aussi, j’ai beaucoup écrit cette année. Et puis le fait de laisser la place à l’imaginaire et d’être au contact de la nature.
Ton livre de chevet ?
Je lis plusieurs livres en même temps. Comme si je regardais un film, selon mon humeur, je choisis entre différents thèmes. En ce moment il y a « Des Bleus à l’âme » de Françoise Sagan, « Et je t’aimerai encore » recueil de poésie de Lucas Clavel, « J’ai mal à mes ancêtres » sur la psychogénéalogie (qui me passionne), et « Méfiez-vous des femmes qui marchent » de Annabel Abbs. J’ai toujours « Les Accords toltèques » en livre de chevet que je relis par bribe de temps en temps.
Tes derniers coups de cœur artistiques ? Film, expo…
Le film Cinéma paradisio… Je ne l’avais jamais vu, j’ai adoré. Un très beau film aussi pour les enfants. Les portraits d’enfants de Nelli Palomäki, particulièrement une qui m’a ému aux larmes d’une petite fille de dos. La pièce de théâtre « Mémoire invisible ou la part manquante » de Paul Nguyen avec qui j’ai travaillé, et qui m’a profondément ému. Il raconte son histoire de quête d’identité sur sa double culture et sur la question universelle de « trouver sa place » en faisant preuve de beaucoup de vulnérabilité, de poésie, de délicatesse et d’humour.
Merci Candice pour ce moment de confidence !
Sources : www.candicehenin.com